Tropiques sur seine
La critique de Bertrand Dicale :
On ne le sait guère ici, mais en même temps que la France découvrait les musiques « typiques » latino-américaines, les musiciens des Antilles jouaient les chansons de Piaf, Damia, Lys Gauty ou Lucienne Boyer, en leur donnant forcément un peu de leur accent. En chantant ce répertoire féminin de l’entre-deux-guerres dans des arrangements cubains, Viktor Lazlo rejoint une certaine vérité historique et, sur la scène du théâtre de Ménilmontant, le décor de boîte de nuit en plein air sous les Tropiques n’est pas vraiment une fiction.
Pour ce spectacle, intitulé "Loin de Paname" , Raul Paz a transposé une vingtaine de chansons classiques en formes latines – mambo, rumba, boléro…. Elles y gagnent quelque chose d’insolent, de charnel. La brume, la bruine, le pavé parisien s’estompent, sans que les sentiments s’éteignent. La vipère gagne a être accélérée, Mon légionnaire se découvre une mélodie nouvelle, Parlez-moi d’amour se danse volontiers…
Dans d’immortels classiques ou des raretés exhumées (La femme d’un soir, créé par Damia, le très érotique Ouvre créé par Suzy Solidor), le traitement est aussi rigoureux, dépaysant et pertinent.
Dans d’immortels classiques ou des raretés exhumées (La femme d’un soir, créé par Damia, le très érotique Ouvre créé par Suzy Solidor), le traitement est aussi rigoureux, dépaysant et pertinent.
Le quatuor cubain, avec ce qu’il nous faut de chapeaux, de moustaches et de cravates pour la couleur locale, pratique une belle et gourmande orthodoxie latine, sans se départir d’une attendrissante attention pour la chanteuse.
Assez loin du souvenir de "Pleurer des rivières" ou de "Canoë rose", Viktor Lazlo démontre la ductilité de son talent, parfois très music-hall (J’ai deux amours en robe d’or et plumet rose, le final swing sur Ménilmontant), parfois franchement naturaliste, comme avec ses numéros de poissarde dans J’ai soif ou de pauvre loque au début de La Coco. La mise en scène de Caroline Loeb lui dessine un personnage tout en clichés assumés et même glorifiés. La chanteuse parvient à donner un naturel à ses multiples changements de costume, à toute une grammaire de gestes et de poses qui puise à pleins bras dans l’imagerie des années 30. Cela est aussi un des plaisirs de la reprise.
Chanson
VIKTOR LAZLO
Comme dans un vieux bar de La havane aux murs décrépis, Glam, sensuelle, hypnotique, Viktor Lazlo pose sa valise tout en chantant la première chanson du récital, Vagabonde, enlève son imper, dévoile une robe sexy. Sa seule présence sur la scène en impose. Pour ce spectacle mis en scène par Caroline Loeb, Viktor Lazlo a fouillé dans le répertoire des années 1920 et 1930, emprunté des textes à Fréhel, Damia et Joséphine Baker, puisé dans les plus belles chansons d’Edith Piaf…
La nouveauté ? Toutes ces ritournelles sont orchestrées à la Cubaine, sur une idée du musicien Raul Paz. La voix de Viktor Lazlo surprend par sa perfection. Au concours des reprises de vieux standards de la chanson française, son "Amant de Saint-Jean" est bien plus original que celui de Patrick Bruel.
A défaut de pouvoir montrer à ce jour des extraits du spectacle, le blog vous offre 4 nouveaux extraits de l'album "Loin de Paname" à partir de montages sur des films que vous reconnaîtrez peut-être...