Viktor Lazlo ( Trois Femmes) - C C Het Bolwerk- Vilvoorde - le 17 novembre 2016
Il était tout chose, non pas Alphonse Daudet, grand dadais, Mich VR, onze fotograaf, tu parles il avait l'occasion de shooter Sonia Dronnier, plus connue sous son nom d'artiste, Viktor Lazlo.
Qui plus est, le Bolwerk nous a refilé des places au premier rang, il y en a qui ont pleuré des rivières pour moins que ça!
La resplendissante chanteuse, actrice et romancière, 'Les tremblements essentiels' a été publié l'an dernier, tourne toujours avec le récital 'Trois Femme's, consacré à trois monstres sacrés du vocal jazz, Billie Holiday ( à laquelle elle a d'ailleurs consacré son second roman), Sarah Vaughan et Ella Fitzgerald.
Viktor, qui aime narrer des histoires de femmes, est entourée de musiciens d'exception: Olivier Louvel aux guitares ( son CD 'Tangerine Sparkle' est sorti il y a un an) - Gilles Coquard, qui n'avait pas l'air de souffrir d'une beigne en plein globe oculaire, à la contrebasse ( Liane Foly, Eric Truffaz, Nilda Fernandez...) et l'arrangeur/pianiste, Michel Bisceglia, que l'on ne présente plus, il est devenu a jazz icon!
20:30', les abonnés, 66% d'enrhumés, sont installés, les musiciens prennent place, amorcent un premier standard, Viktor Lazlo, très élégante dans une longue robe de soirée, s'avance d'un pas lent, se colle près du micro et entame ' I cover the Waterfront' de Johnny Green with lyrics by Edward Heyman, une ballade d'un classicisme souverain datant des années 30, Billie, Ella et Sarah l'ont toutes trois chantée.
La voix de velours de la ravissante franco-belge n'a peut-être pas le grain, voilé, ou rocailleux, de celui des divas américaines , elle a pourtant le don d'enchanter tes pavillons et de recréer l'atmosphère d'une époque révolue, que beaucoup regrettent, malgré le sort rarement rose réservé aux gens de couleurs.
Après une présentation, trilingue, du spectacle, soulignant le destin des trois illustres madames et nous promettant des instants de joie, d'émotion, d'amour mais aussi de tristesse, la belle dame nous soumet un premier Cole Porter, le gentle swing 'I get a kick out of you'.
Il ne s'agit pas uniquement de femmes extraordinaires mais aussi de quelques messieurs, compositeurs à l'immense talent, tel que Cole Porter ou Duke Ellington, à qui l'on doit ' In a sentimental mood', introduit de main de maître par la guitare d'Olivier Louvel.
"Ain't got the change of a nickel / Ain't got no bounce in my shoes / Ain't go no fancy to tickle / I ain't got nothing but the blues...", un duo guitare/voix pour le formidable 'I Ain't Got Nothing But The Blues' du même Duke.
Une merveille, Michel Bisceglia a applaudi tout comme nous!
Billie Holiday et Ella Fitzgerald partagent une enfance malheureuse, j'ai un faible pour Billie, toutefois, ' Lover Man' a été écrit pour elle.
Repos pour Monsieur Louvel, les autres au turbin!
Quel bonheur de replonger dans une époque où les artistes savaient chanter, ce ' Lover Man' refilerait des frissons à la brute la plus épaisse!
' Just one of those things' voit Gilles Coquard se permettre un petit galop et si aucune des trois grâces n'a interprété le sentimental ' Autant d'Etoiles' en français, l'original ( traduit par V. Lazlo pour le chauvin public hexagonal ) ' So Many Stars', composé par Sergio Mendes, a été repris par Sarah Vaughan.
La version française nous rappelle les chansons les plus délicates d'Henri Salvador.
Le classique des frères Gershwin, 'They can't take that away from me' , est un des premiers morceaux à réellement frétiller, puis, avec ' For all we know', le ton redevient nostalgique .
Smooth as silk, entends-tu Gloria murmurer à son compagnon.
De quoi il a l'air ton prince charmant?
Someday he'll come along
'The man I love'
And he'll be big and strong
The man I love..
Les femmes, d'éternelles rêveuses... le trio de musiciens se laisse aller, Viktor a lâché la bride!
Elle s'esquive pendant quelques instants, le piano lance 'In my solitude', une plage qui t'a toujours fait craquer, elle est magnifique, Madame Lazlo.
Swing time avec l'enlevé ' Them there eyes' puis vient un hommage à Michel Legrand et la grammy awarded song, ' What are you doing the rest of your life' pour embrayer sur le drôle 'Mister Paganini' et ses acrobaties vocales sans filet.
Euh, Michel, elle est de qui encore la suivante?
Richard Rodgers et Lorenz Hart, 1937!
Merci, flûte, un trou de mémoire, Olivier, le titre?
Le salaud rit et laisse madame se démerder.
Ah, oui, suis-je bête... ' My funny Valentine'.
Puis vient un grand moment avec une version en retenue de 'Misty' , le jazz standard que l'on doit à Erroll Garner.
Dédié à Bird, Charlie Parker, le uptempo ' Lullaby in Birdland' swingue à gogo et c'est sur une note latine que s'achève le voyage, ' One Note Samba'.
Le piano allègre et les vocalises exotiques ont fait regretter à certains le relatif manque de titres rythmés dans le choix proposé par l'équipe!
Un reproche mineur!
Bis
Duke Ellington, ' Don't get around much more' et enfin un titre hors répertoire jazz divas, une composition de Michel Bisceglia,' Promised land', a song of hope, prévue pour le prochain album de Viktor Lazlo.
Vilvorde est prié de fredonner le refrain. En souriant, la diva tend le micro vers Pietje Huysentruut qui , ma foi, s'est fort bien débrouillé sans ses ustensiles de cuisine!
La tournée Trois Femmes reprend en janvier, le 6 à Alsemberg ( De Meent).
D'autres photos de ce concert prises par Michel Van Rhijn (ici)