Une pure "friandise" qui s'intitule "Elayis" extrait de l'album "Si" paru en 1995
Retrouvons ci-après un article paru dans le Monde. (
Beethova Obas: "J'exprime une révolte feutrée"
Sous ses allures d'affable crooner créole, le Haïtien Beethova Obas,
né en 1964 à Port-au-Prince, distille des messages engagés.
Sous
ses allures d'affable crooner créole, le Haïtien Beethova Obas, né en
1964 à Port-au-Prince, distille des messages engagés. Il ouvrait le 16
octobre, à Paris, le festival Vibrations Caraïbes, consacré jusqu'au 26
octobre aux arts contemporains de la Caraïbe, et sous-titré pour sa
troisième édition "Blues créole". Il participera le 24 novembre à un
concert pour Haïti au Zénith de Paris.
Ses
chansons marient le miel et le piment, elles mélangent l'aigre et le
doux. A travers la légèreté dansante des mélodies et de la guitare,
grondent des colères. Fils du peintre Charles Obas, mort en 1969 après
une manifestation contre la dictature de François Duvalier, le chanteur
vit hors d'Haïti depuis 1988. Il est actuellement installé à Bruxelles.
Pourquoi emprunter des chemins détournés pour pointer la réalité ?
Je
crois davantage en l'efficacité de la douceur pour dénoncer des
vérités. Je peux aussi passer par l'ironie, la satire. Dans mon prochain
album, il y aura une chanson se moquant de ces types qui débarquent sur
la scène politique au moment des élections chez nous, en prétendant
qu'ils sont des leaders d'opinion. Quand les résultats sont publiés, on
s'aperçoit qu'ils ont obtenu à peine 1 % des voix. Je parle aussi de
l'éducation nécessaire des gens amenés à élire un président, l'individu
dont va dépendre l'avenir de la nation.
J'exprime
une révolte feutrée, celle qui caractérisait mon père à travers ses
toiles. Des années après sa "disparition", j'ai compris par exemple le
sens d'un de ses tableaux, où l'on voyait une scène de dissection dans
une salle d'anatomie. Autour de la table, c'était Duvalier et ses
assistants qui procédaient au dépeçage du corps. Sous les blouses
blanches, on apercevait du bleu... la couleur de la tenue des tontons
macoutes, les hommes de main de Duvalier.
Dictatures, instabilité politique, violence, pauvreté, inondations et cyclones... Haïti ne connaîtra donc jamais de répit ?
Un ami me disait un jour en souriant : " Mais qu'avez-vous donc fait au Bon Dieu pour devoir subir tout cela ?"
Il n'y a aucune malédiction pesant sur Haïti. Et puis, tout n'est pas
seulement cette misère que l'on montre. L'Haïtien garde toujours une
part de joie, une vitalité en lui.
Il
y a une porte de sortie. En ce qui concerne les désastres causés par
les cyclones à répétition, il serait bon de prendre le problème en
amont, que les puissants de ce monde se responsabilisent quant aux
causes et conséquences des dérèglements climatiques. Sur place, il faut
prendre en compte qu'Haïti est sur le chemin des cyclones et donc
construire, urbaniser, en fonction de ces données.
Existe-t-il un blues créole ?
Je
m'inscris dans cette notion. Nous avons notre histoire à faire passer
dans nos chansons. Chaque île des Caraïbes a ses propres couleurs de
blues qui ensuite peuvent s'approcher, se mélanger, inventer une
synthèse, tout en gardant leur identité. Les Caraïbes sont un
melting-pot, un point d'intersection. L'identité musicale caribéenne est
faite de cela.
En 2019, Beethova Obas fêtait ses 30 ans carrière avec la sortie d'un nouvel album.
(peintures : Charles Obas (1927- 1968) , à droite extrait du livret "Si" 1995 Declic Communication