L'exposition "Nord-Plage" est a découvrir, jusqu'en janvier 2015, à la distillerie Sainte-Etienne, au Gros-Morne en Martinique
Chronique d'une mort annoncée. Celle de Nord Plage un quartier coincé entre la falaise et l'Atlantique à Macouba au nord de la Martinique. Un lieu hors du temps, à redécouvrir sous le regard photographique de Jean-Luc de Laguarigue tout au long de ces 12 dernières années.
Exposition ouverte au public aux Foudres HSE du lundi au vendredi de 9h30 à 12h30 et de 13h à 16h.
A l'occasion de cette exposition, retrouvez le témoignage filmé de ce quartier : le film Nord Plage avec Viktor Lazlo en premier rôle
bande annonce originale
"Toutes les images du monde sont venues là. Non pas échouées, mais recomposées à la manière de ces morceaux de bouteilles polis par la mer. Ainsi, par son brassage intempestif d’images, Nord-Plage répond véritablement à nos appétits esthétiques. Le talent de José Hayot est en effet généreusement à l’œuvre dans ce film offert comme une interprétation créole des fruits de la modernité audio-visuelle.
Nord-Plage, c’est aussi l’histoire d’un lieu (Macouba, dans le nord de la Martinique, au détour des années 60) et non point celle d’un humanisme abstrait et désincarné. L’épreuve du lieu, c’est à cette condition que nous habitons éperdument ce qui nous relie à notre entour : les rolles de l’habitation ou de l’usine centrale, un certain général de Gaulle parlant haut sur la place de la savane, les premiers pas d’un homme sur la lune dans la fée Télévision, le rêve de Martin Luther King, la force de Mohamed Ali, les dessins d’enfants sans maisons à cheminées, et le grand sac de la mer obstinée. Cela se traduit dans ce cinéma en des vertiges de travelings ou des découpages en abîmes. Et puis cette application pour les détails (puisqu’il faut aller au plus profond) dans les costumes, les objets ou les décors à l’échelle. Voyez comme ces images nous sont contées!
Un cinéma sans majors – ou une pêche sans hameçon – est-ce que cela peut se concevoir?
En tout cas l’écriture de Patrick Chamoiseau se confronte aux embruns d’une nouvelle vague.
Car José Hayot a fait montre d’un travail d’avant-garde. Au point où nul ne sait plus qui illustre qui. C’est que le temps de l’illustration est dépassé. Un scénario, un paysage, une traduction japonaise sont des partitions ouvertes, un delta. C’est donc ça : le réalisateur agit en chef d’orchestre! Dans ce film, José Hayot a su exalter une poésie des images plutôt que d’être joué par elles. D’humeur imprévisible, mais pièce pas ineffable, tel est le cinéma de la mer. La voix des conteurs y trouve donc son relais dans cet art total où s’entremêle le théâtre conté, les répliques Grand siècle, la gestique Antillaise, voire la crudité désespérée et la tendresse des langues et cultures créoles où l’on voudrait bien se noyer.
Dans Nord-Plage on retrouve itou les obsessions sur l’habiter créole chères à l’auteur de Texaco.
Ce guerrier de l’imaginaire nous invite à bâtir la part de rêve essentielle à l’assise d’une communauté. Un rêve introduit ici par le truchement d’un manège, un chouval-bois à la construction duquel même le déparleur de cette histoire à son mot à dire. Ce projet-là ne relève ni de l’imposture de la langue de bois ni des sciences économiques, planificatrices d’après-elles.
Au vrai, Nord-Plage nous parle un langage diversel. À nous de ne pas rester “sages comme des images”, dominés ou consumés. À ce “nous” d’oser aller à contre courant, à prendre de la vitesse, du mouvement. À nous de marronner là où finit la terre plutôt que de devenir de stériles ingénieurs de modes d’emplois. En final de conte, sommes-nous heureux? La question reste entière en bordure de mer, dans ce générique où nous rejoignons nos images" - Manuel Norvat
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